Marseillons…
Cyril Lecomte, avec la complicité active d’Henri-Frédéric Blanc, a inventé un nouveau verbe, un verbe géographique. Une première dans le genre. Même Paris, même New York, n’y avaient pas pensé. Cela se passe à Marseille. Et à Marseille, qu’est-ce qu’on fait le mieux ? Eh bien, tiens, on marseille !
Sur des textes d’Henri-Frédéric Blanc et avec la participation quasi-spontanée d’une pléiade de comédiens, de musiciens et d’auteurs de la ville, Lecomte a voulu que tout Marseille marseille, un soir à l’Odéon, fatalement sur la Canebière, vous savez bien, celle qui exagère…
Du spectacle a fusé une joie palpable, sur scène et dans la salle, la joie de communier autour de ce concept marseillais, qui nous relie et nous rassure d’une certaine manière. Mais peut-être faut-il aller voir un peu plus loin, un peu au-delà. Henri-Frédéric Blanc le fait très bien dans ses textes, qui parfois veulent nous faire rire à gorge déployée, mais parfois aussi – souvent – entretiennent un rapport avec la vérité profonde. Pas seulement celle de Marseille, mais celle des hommes, de leurs angoisses et de leurs rêves.
Pendant cet “événement”, ce spectacle qu’est “Marseillons !”, Sophie Vernet a su capter et se rapprocher de l’esprit de Blanc. Elle donne à voir les rires et la joie, le jeu et le chant, mais elle relève aussi les regards embrumés, les “temps morts”, les pauses. Peut-être n’est-ce qu’une question de focale, de grain, de profondeur de champ, mais c’est ainsi qu’elle a saisi non seulement la surface de cette soirée mais aussi sa profondeur et son âme. Car à Marseille, derrière l’écume des mots et des rires se cache encore et toujours cette insondable question de l’ailleurs, de la confrontation de l’individu au monde. Et que sont ces photos, dans lesquelles elle a séparé, identifié, chaque participant marseillant, sinon le carrefour entre chacun et les autres ?
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Patrick Coulomb